Sylène errait comme une âme en peine dans les recoins lugubres de la cité des Orcs. Depuis quelques temps, sa forme obscure prenait le dessus de plus en plus fréquemment. Avant cela, il lui était possible de la contrôler mais maintenant… rien n’était plus pareil.
Dans une maison vide, Sylène s’installa pour réfléchir. Les images de sa terre natale lui revinrent. Celles de son enfance avec les prêtres de l’île de Haut-Soleil qui lui enseignèrent les voies de la discipline et du sacré. Celles des terres verdoyantes. Celles de la marque infâme laissée par Arthas quand il vînt détruire le puits de Haut-Soleil.
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Sylène, plus jeune, avait été un elfe de sang turbulent et capricieux. Les prêtres lui donnèrent pour cela le nom de Feu-stellaire. Cette technique des druides rappelait à s’y méprendre le comportement de Sylène. Mais il advint qu’un jour Sylène découvrît les joies de la mécanique. Le jeune effronté se transforma alors en monstre de patience et de travail. Il fût alors le meilleur élève des prêtres de l’île.
La première partie de son apprentissage terminée, Sylène quitta l’île de Haut-Soleil et se rendit en Lune d’Argent y parfaire ses arts sacrés et mécaniques. Sur le chemin, en plein Malebrêche, il sauva la vie, in extremis, d’un jeune Paladin en difficulté face à une goule. Mais, comme par ironie, il fut touché par une malédiction au moment de porter le coup fatal à la terrible engeance d’Arthas. Sur le point de mourir, il fût ranimé par les pouvoirs du jeune Paladin.
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« Cela ne sert à rien de ressasser le passé ! ce qui est fait est fait ! » se dit alors Sylène en se levant droit dans ses bottes. Sans s’en rendre compte, son côté noir avait disparu et il était à nouveau lui-même.
Sylène décida de s’envoler pour le Marécage d’Aprefange. Là-bas, au milieu de la tourbe et de la laideur, il trouverait peut-être un peu de calme. En chemin, il fît une halte au Camp Taurajo où de biens mauvaises nouvelles circulaient quant à la puissance des Taurens renégats : Les Totems sinistres.
Sans en tenir compte, il chevaucha vers le camp de la Horde en place dans le marécage. Il passa alors devant une sombre demeure en ruine. « Encore des victimes de la guerre » se dit-il en continuant son chemin.
À travers les arbres moussus et les marais infestés de crocilisques, Sylène aperçut enfin Mur-de-Fougères. Passant devant les ogres, et après quelques saluts aux différents chefs locaux. Sylène allait s’installer dans un coin tranquille afin de méditer quand il fut hélé par un orc. Ce dernier se présenta comme étant Krog. Ce dont se moquait éperdument Sylène à vrai dire.
Krog lui raconta son souci. Theramore, la ville des humains dans le marécage d’Aprefange, avait fait appel à Mur-de-fougère pour découvrir pourquoi une de l’auberge à la lisière des Tarides avaient été incendiées. Krog regardait autour de lui, comme inquiet, et glissa à l’oreille de Sylène qu’il lui fallait quelqu’un qui ressemble à un homme pour mener l’enquête afin de ne pas éveiller de rancœur chez l’inspecteur déjà sur place.
Sylène soupira. Mais il ne put refuser d’aider Krog. Il en avait fait le serment au régent, il aiderait la Horde désormais alliée à son peuple. Sans attendre, espérant en finir rapidement, il se rendit à l’auberge incendiée. Il y rencontra l’inspecteur Tarem, un humain, déjà sur place. Après quelques échanges courtois, ils décidèrent de se pencher sur le relevé d’indices éventuels. Il y avait là quelques traces de pas que Tarem montra ostensiblement à Sylène. C’est tout ce qu’il avait découvert. Sylène fit un tour rapide et découvrit au sol sous la cendre un insigne militaire avec comme indication celle de son propriétaire : Reethe. Il glissa l’insigne dans sa poche et se dirigea vers le bouclier noirci au dessus de la cheminée. Il le prit et se dirigea vers Tarem qui fumait sa pipe en l'attendant.
« Je vous emprunte ce bouclier. Je ne sais pas ce que je vais pouvoir en tirer mais je pense que cela pourrait nous aider… plus tard ! » dit le prêtre. Tarem regarda le bouclier et d’un geste dédaigneux dit à Sylène que cet objet sans intérêt pouvait être emmené. L’elfe de sang salua l’inspecteur de Theramor et s’en retourna à son camp.
Krog regarda avec attention les indices laissés par les incendiaires. Il dépêcha deux de ses hommes : le premier à la recherche d’indices sur les traces laissées au sol et le deuxième pour retrouver Reethe que Krog connaissait comme un déserteur de l’armée de Theramore.
En attendant, il invita Sylène à parler à Do’gol qui se trouvait dans le camp. Ce dernier saurait sûrement faire parler le bouclier. Ce dernier essaya mais il lui fallait quelques éléments pour arriver à faire partir la noirceur du bouclier créé par l’incendie. Sylène se mit en route vers le nord, sur les ordres de Do’gol pour récupérer des poches d’acide d’araignée. Ceci fait, il les remit à Do’gol qui l’invita à continuer ses investigations le temps que l’acide fasse son œuvre.
Il prit alors la route vers l’Est afin de retrouver le fameux Reethe. Il n’eut pas à chercher très longtemps puisqu’il fut interrompu dans sa course par un ogre du camp qui lui indiqua où se trouvait le fuyard. Au camp de Reethe, ce dernier nia tous les faits qui lui étaient reprochés. Il n’avait fait que voler quelques éléments de l’auberge mais il n’y avait pas mis le feu.
Des gardes de Theramore apparurent soudain et sautèrent sur Paval sans que celui-ci puisse se défendre. La colère montante, Sylène fût envahit par sa orme d’ombre et élimina les meurtriers humains par des attaques mentales dévastatrices. Mais, c’est à genou, qu’il dut se rendre à l’évidence, le pauvre Paval Reethe était mort.
Sylène rentra au camp, persuadé que l’affaire allait s’arrêter là. Mais Do’gol avait de nouvelles informations. Le bouclier laissait apparaître le nom du fabricant : Mosarn. Le prêtre se rendit près de Krog pour en apprendre plus. Ce dernier l’envoya alors rencontrer le forgeron aux Pitons du Tonnerre. Rapidement arrivé dans la capitale Taurène grâce au coursier du vent de Mur-de-Fougères, Sylène demanda à un garde où se trouvait le fameux Mosarn.
La cime des chasseurs. C’était là que se situait le fabricant de bouclier. Sylène s’y rendit rapidement et interrogea le noble forgeron. Ce dernier lui indiqua ne pas se souvenir pour qui il avait fabriqué ce bouclier. Lui et ses apprentis étaient fort demandés par la Horde. Il savait toutefois que les Totems sinistres étaient férus de son travail. Sinon, il ne savait rien de plus.
Tout devint clair pour Sylène, les traces de pas, le bouclier noirci tant aimé par les Totems sinistres. Ce ne pouvait être personne d’autre ! Les incendiaires, c’étaient eux ! Mais pourquoi ?
Un camp de ces Taurens renégats se trouvait un peu au Nord-Est du camp de la Horde dans le marécage. Sylène s’y rendit et dut encore une fois faire appel à son côté obscur pour obtenir des membres anciens de cette tribu quelques informations.
« La Guerre » voilà leur objectif. Créer une situation de tension avec Theramore et en finir avec la paix relative du marécage d’Aprefange. Voire même, faire de ce point le départ d’une nouvelle guerre générale entre la Horde et l’Alliance.
Quand Krog apprit cela, il envoya Sylène sans tarder auprès de Tabetha, une humaine, qui ne vouait sa vie qu’à l’apprentissage des arcanes et non à l’Alliance ni à la Horde. Tabetha vit qu’il était temps, à la vue des plans des Totems sinistres, d’éradiquer ce clan dans les plus brefs délais. Elle regarda Sylène et lui fit part de ses craintes, elle fit monter la colère en lui jusqu’à… Jusqu’à ce que le jeune prêtre lui dévoile ce qu’elle avait senti en lui. Dans sa forme d’ombre, Sylène prit la flamme destructrice de Tabetha et se rendit au quartier général des Totems sinistres.
Dans les flammes purificatrices, Sylène se voua à la destruction de ce clan Tauren dans un bain de sang et de larmes. Sans peur ni remords, il abattit l’ensemble des Taurens : hommes, femmes et enfants. À bout de souffle, il revint chez Tabetha. Sur le pas de la porte, il s’écroula de fatigue.
Tabetha s’occupa de lui tout un jour durant. Quand Sylène s’éveilla, Tabetha lui raconta ce qu’il s’était passé. Horrifié, Sylène laissa couler une larme sur sa joue blanche. La mage l’informa qu’il avait également tué là-bas, une réprouvée. Cette dernière possédait une note à l’attention de son peuple. Note que Tabetha avait retrouvé dans les mains de Sylène.
- Il ne faut jamais, je dis bien jamais, que cette note d’information arrive dans les mains de l’Alliance et encore moins de la Horde. Je ne sais à quel jeu jouent les réprouvés mais ils mettent en danger l’équilibre même des forces d’Azeroth. Vous m’avez compris Sylène. Jamais cette information ne devra être dévoilée.
- Je vous comprends Tabetha, dit Sylène en jetant le message dans les flammes de la cheminée.
- Par ce que vous savez et ce que vous êtes Sylène, vous êtes en danger. Faites très attention à vous.
Sylène prit congé de Tabetha en la remerciant pour son aide et se rendit à nouveau en Mur-de-Fougères. Krog était heureux de l’accueillir. Il avait craint pour la vie du jeune prêtre. Son bonheur fut multiplié quand il apprit que les fauteurs de troubles et incendiaires meurtriers qu’étaient les Totems sinistres avaient été châtiés. Il dépêcha immédiatement un héraut auprès de Théramore pour en informer Dame Jaina.
- Vous avez bien travaillé Sylène, je suis heureux de vous compter parmi nous ! dit Krog tout enjoué. Vous avez bien mérité de rester dans notre camp et de commencer enfin votre méditation.
- Non Krog. Je crois que je n’en ai plus besoin. J’ai découvert ce que j’étais au fil de cette investigation. Et j’ai découvert que des secrets plus honteux que le mien existaient. Je me dois de servir la Horde aujourd’hui plus que jamais afin de la protéger d’elle-même.
Sans vraiment comprendre les paroles du jeune prêtre, Krog lui tapa sur l’épaule et fit appel à un coursier du vent pour mener Sylène à Orgrimmar où de nouvelles aventures l’attendraient.