Comment ?
Vous souhaitez me tenir compagnie ? Ma foi, il est toujours agréable de partager une bière avec un jouvenceau avenant ! M'irez vous mander une tocquebrune ?
...
Ah, votre portefeuille ? Hihihi, Tenez, le voilà !
Ne m'en veuillez pas, telle que vous me voyez, je suis encore une jeune voleuse, il est normal que je m'exerce... Je vois à votre sourire que vous n'êtes point rancunier, mon doux sire... Allons, prenez place, et si vous êtes intéressé, je pourrai vous conter mon histoire... Elle est assez étrange vous verrez ; et si je suis heureuse aujourd'hui, ce ne fut pas toujours le cas ... Non, n'ayez peine ! cela fait déjà si longtemps que même moi en perds le souvenir doux amer.
Connaissez vous le désert de Tanaris ? Etrange, à votre peau halée, on pourrait croire que ces terres vous sont familières... Enfin, sachez que dans ce désert se dresse un gibet ; il n'est plus utilisé pour punir les criminels, et seule une vieille corde se balance dans le vent sec. Mais prenez garde à ne point vous amuser avec ! Si l'idée vous en venait sachez que la corde est assez solide pour rompre moults membres.
C'est pourquoi je l'avais choisie pour mettre fin à ma pitoyable existence.
Ici, mon doux sire, je vais vous demander de faire appel à votre imagination. Je n'étais pas telle que vous me voyez : avant d'être une elfette aux yeux rieurs et aux cheveux de la couleur du miel, j'étais humaine. Oui, humaine ! Etonnant n'est ce pas ? On m'appelait Abigaël Candelek, et, outre ma cuisse gironde, j'étais surtout connue pour mes pitoyables exploits guerriers. La veille encore, j'avais subi une cuisante défaite au Moulin de Tarren, devant les membres de ma Maison pour parfaire mon malheur !
Les moqueries me collaient au corps, troublaient mon sommeil -qui se faisait bien rare-. Même ma chère amie Aubemorte avait disparu dans les ombres, en voleuse qu'elle était, ne supportant plus mon inutile compagnie.
Ma brave monture me regardait de son œil humide, me suppliant de descendre, de remonter en selle, et de poursuivre nos aventures ! Mais quelles aventures étaient ce là ? J'avais subis trop d'infamies en cette vie pour un seul cœur -et un seul corps.
J'enroulai la corde usée autour de mon cou. Elle écorcha ma peau délicate et je ne pus réprimer un sanglot. Qu'allais je faire ! Je n'eus pas le loisir de m'appesantir plus avant sur mon triste sort car un cavalier apparut subitement au pied du gibet... Un Mort Vivant richement vêtu, entouré de cette aura sinistre que j'avais appris à reconnaitre et qui me donnait la chair de poule. Je tentai de saisir précipitamment mon bâton, mais je ne fis que perdre l'équilibre. Je tentai de m'accrocher à la corde, à l'air et à la vie. C'est ainsi que le Mort Vivant me trouva, tel un poulet à la broche, battant l'air de mes bras et jambes. La vie allait elle me quitter dans cette posture ridicule ? Je tentai de lutter mais il était trop tard, j'eus juste le temps de penser avec regret que ma [Robe d'Incantation Sonia Rikyel] allait être souillée.
Comment ? Ah, vous ne connaissez pas cet artefact ? La [Robe d'Incantation Sonia Rikyel] + 57 Intelligence + 33 Endurance... On ne peut pas dire que ça m'aura servi...
Je sentais la vie me quitter, et alors qu'un voile noir tombait déjà sur moi, une formidable explosion pyrotechnique pulvérisa la corde et une partie de ma robe.
- Eh bien, Madame... m'interpela le mort vivant. Me voulez conter le malheur qui vous a conduit sur ce gibet ? Il est rare qu'on y vienne faire de la balançoire de son propre chef... sa voix trainante n'était pas dépourvue de sympathie.
- Ouinouin, nemetuezpas jevousenprie pitiééé, répondis-je (en gros, mon souvenir n'étant pas très précis)
- Madame, on m'appelle P., et je viens de Fossoyeuse. Je travaille à la transmutation des âmes et des corps.
- Kof kof, rrrrheuuu, répondis-je (en gros)
- Je connais vos malheurs. Je suis peut être la réponse que vous attendiez. Ce corps maladroit et cet étrange visage sans sourcils, je pourrais vous en débarrasser... En un tour de main, je pourrai faire de vous une autre femme ! Avez vous entendu parler de la transmutation de [Mage pourrie] en [Voleuse fourbe] ?
- Mais monsieur... Que voulez vous dire par là ?
Je ne lui fis pas remarquer que c'est lui même qui avait fait disparaitre mes sourcils avec sa boule de feu, cette chose m'avait tout de même sauvé la vie.
- Vous êtes bien Abigaël Candelek, la mage de Stormwind ? son sourire n'autorisait pas la contestation et me laissait supposer qu'hélas, il en savait beaucoup sur moi. Je savais qu'un jour je vous trouverai ici, je n'ai eu qu'à attendre... dit il, enfonçant le clou.
Il invoqua un étrange portail, qui me donna à voir la capitale des Elfes de Sang. J'avais entendu parler de ces créatures, mais leur vue m'a plongée dans le ravissement le plus pur ! De jeunes elfes alertes, beaux et élancés, parcouraient des prairies aussi belles que les vallées les plus verdoyantes de Stormwind.
- Madame, je pourrai faire de vous l'une deux, vous y gagnerez en beauté, grâce et puissance. De plus, l'Alliance vous a toujours tourné le dos... N'avez vous point envie de la quitter et de nous rejoindre ?
Mon jeune ami, je vois que vous partagez la surprise que je ressentis à ce moment qui aurait pu s'attendre à pareille proposition ?
- Songez, Abigaël, vous pourriez tout recommencer à zéro ! Rebatir votre réputation malmenée !
J'avais bien du mal à rassembler ma comprenette. Il le vit.
- Vous pourriez devenir un voleuse, comme cette Aubemorte que vous admirez tant... sussura t-il. Vous pourriez vous couler dans les ombres, et frapper l'ennemi comme l'éclair ! Songez aux applications pratiques de ce merveilleux pouvoir ! Plus jamais vous ne connaitrez la défaite au combat ! Plus jamais chasseurs, voleurs, prêtres, chamans, guerriers n'essuieront leurs semelles sur vos robes ! Personne ne fera plus un usage peu recommandable de votre corps en pâmoison ! On vous réclame votre loyer ! Et hop ! Vous disparaissez dans les ombres !
- Mais.. Qu'y perdrais je ?
- Eh bien... votre intelligence supérieure pour commencer...
- Ca, une bonne partie a déjà disparu ce soir, dis je en ramassant les restes de ma [Robe d'Incantation Sonia Rikyel], ce n'est pas un problème.
- Vous ne reverrez plus jamais ni votre père, ni votre mère, ni vos soeurs !
- Ca, je suis prête à vous payer pour.
- Et, bien sûr, la totalité de votre confortable fortune. On n'a rien sans rien madame !
Je n'hésitais pas un instant. La perspective de commencer une nouvelle vie emporta ma décision sur l'instant. Que s'est il passé ensuite ? Je l'ignore... Je ressentis une grande tristesse, comme un effacement de ma personne et de ma volonté... Je ne pus même pas dire adieu à ma chère jument alezane, qui a sans doute fini en [Steack de cheval] à l'heure qu'il est...
Voilà comment je suis devenue celle que je suis ! Aujourd'hui, je ne regrette rien, je ne sais peut être ni lire, ni écrire, mais je sais compter encore compter les piecettes dont je déleste mes adversaires ! Je me fonds dans les ombres au moindre pépin, je côtoie des compagnons solidaires au lieu de ces lâches de l'alliance, et je peux enfin flirter avec les Trolls et les Taurens sans risquer un coup de hache !
... Mais assez parlé de moi. Dites moi, vous faites quoi ce soir ?